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La douce et piquante
10 décembre 2009

Fleur de carotte

 

De retour, ce soir ...  Enfin, voir le ciel d'hiver au dessus de la campagne, débarrassé des lumières des villes.

En plein dans le pare-brise : Orion, cette constellation préférée, qui me ramène toujours à l'éblouissement provoqué, lycéenne, par les lectures de GIONO. Cette énergie vitale, cette dimension onirique, poétique, et cette communion primitive avec la nature.


Le retour d'Orion, après des semaines de grisaille. Froid, cristal, scintillement de Bételgeuse, limpidité.


http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/45/Orion_constellation_Hevelius.jpg

" Jourdan, tu te souviens d'Orion-fleur-de-carotte ? " 

- Je me souviens.

- Tu m'as demandé : " N'as-tu jamais soigné les lépreux ? "

- Je me souviens comme d'hier.

- Alors je t'ai dit : " Regarde là-haut, Orion-fleur-de-carotte, un petit paquet d'étoiles."

Jourdan ne répondit pas. Il regarda Jacquou, et Randoulet, et Carle. Ils écoutaient.

Et si je t'avais dit "Orion" tout seul, dit Bobi,  tu aurais vu les étoiles, pas plus, et, des étoiles, ça n'était pas la première fois que tu en voyais, et ça n'avait pas guéri les lépreux cependant. Et si je t'avais dit : "fleur de carotte" tout seul, tu aurais vu seulement la fleur de carotte comme tu l'avais déjà vue mille fois sans résultats. Mais je t'ai dit :" Orion-fleur-de-carotte", et d'abord tu m'as demandé : " Pardon ? "pour que je répète. Alors, tu as vu cette fleur de carotte dans le ciel et le ciel a été fleuri.

- Je me souviens, dit Jourdan à voix basse.

- Et tu étais déjà un peu guéri, dis la vérité.

- Oui, dit Jordan.

" Le monde se trompe, dit Bobi. Vous croyez que c'est ce que vous gardez qui vous fait riche. On vous l'a dit. Moi, je vous dis que c'est ce que vous donnez qui vous fait riche. Qu'est-ce que j'ai, moi, regardez-moi."

Il se dressa. Il se fit voir. Il n'avait rien. Rien que son maillot et, dessous, sa peau. Il releva ses grands bras, agita ses longues mains vides. Rien. Rien que ses bras et ses mains.

" Vous n'avez pas d'autre grange que cette grange-là, dit-il en frappant sa poitrine. Tout ce que vous entassez hors de votre coeur est perdu ".

GIONO - Que ma joie demeure


http://216.139.227.103/CorexDoc/RMN/Media/TR1/0YTRLC/03-006486.jpg

BRASSAI - Giono à Manosque - 1967 (Europeana)

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Commentaires
F
# Clarélis, merci pour ce long et chaleureux message. J'ai dû lire Giono au même âge que toi, et ce fut la même fascination. Nous étions allés en voyage scolaire en Haute Provence avec mon lycée, sur les traces de Giono, ce qui m'avait permis de découvrir Manosque, Banon, Cucuron, Forcalquier. Merci de raviver ces souvenirs précieux, et de me donner envie de le (re)lire.
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C
... Le premier roman de Giono, lu à 15 ans... le début d'une longue, très longue histoire d'amour, qui dure encore, et durera toujours... Je crois que j'ai tout lu de lui... Il a formé une grande part de ma personnalité... Cette photo de Brassai est magnifique, elle donne à voir la profondeur et la joie dans ce regard de "Jean le Bleu". Chaque fois que je vois une photo de Giono, j'ai l'impression de me retrouver en famille....<br /> Bien entendu, tu peux nous rejoindre pour "ni tout à fait la même"...Il n'y a aucune limite dans le temps!!! Je me réjouis de faire ta connaissance grêc à Françoise...C'est un beau cadeau d'amitié qu'elle me fait là!<br /> Clarélis<br /> PS: je vais aller à la découverte du reste de ton blog...
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F
# Françoise, je rendrai visite à Clarélis. Il y a longtemps que je n'ai pas lu Giono, mais du coup, cela me chatouille !
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F
Je connais une autre fan de Giono...c'est mon amie de toile Clarélis, et son blog "un papillon sur l'épaule"! Elle en parle dans son article d'hier justement...elle qui aime les mots..;comme toi!
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F
# Aifelle, j'ai compris qu'il valait mieux passer par Firefox pour insérer des images !
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La douce et piquante
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