Hardly whipping !
Car là où l'écrivain, ce veinard, peut assembler les quelque 700 000 mots de la langue française, le pauvre jardinier ne dispose, lui, que 321 212 plantes ; il est vrai que le locuteur moyen se contente de 5 000 mots (30 000 s'il est "cultivé"), tandis que le jardinier d'un château prestigieux (Versailles, par exemple) aura l'ineffable bonheur de pouvoir élargir son "vocabulaire végétal" jusqu'à pouvoir planter environ 300 000 fleurs tous les ans.
J'ai enrichi mon lexique avec : "nilotique" et "dendrophile", et même "formicophile", plus loin "éphélides" ! Saurai-je les replacer dans mes prochains dîners en ville ?
La seule créature plus insatiable que le jardinier, c'est l'enfant qu'on lâche dans un jardin.
Car alors, ce que l'enfant cherche à faire croître et se multiplier, ce ne sont pas des plantes, ce sont ses rêves, ses mondes imaginaires. Les utopies enfantines ne poussent nulle part mieux que dans un jardin.
Anthea Gibson, The Telegraph - mars 2010
Didier DECOIN, c'est l'art de la parenthèse, de la digression !
On flâne et avance comme en un jardin anglais (ou plutôt, ce que j'imagine être un jardin anglais !).
Beaucoup de références, de citations :
Boby LAPOINTE, Jules VERNE, Boris VIAN,
Angelus SILESIUS : " La rose est sans pourquoi, elle fleurit parce qu'ele fleurit. N'a souci d'elle-même, ne cherche pas si on la voit",
le cinéma,
le monstre du Loch Ness,
les jardins de l'enfance : Bois de Boulogne, Jardin de Bagatelle, cour de récréation,
les jardins visités en compagnie de son épouse Chantal : Westwell Manor et son jardin de lune, Versailles sous le parrainage d'Alain BARATON, Serre de la Madone à Menton, la villa Noailles près de Grasse, Sissinghurst sur les traces de la magnétique Vita Sackville-West ...
les amis fous de jardins, comme la rosiériste Francia THAUVIN,
ses jardins, bichonnés au fil des ans : La Hague et le jardin des Yvelines.
Sissinghurst - Le jardin blanc
Beaucoup de dérision et d'humour, au fil des pages, comme le surnom donné à ses deux premières grenouilles : Obs et Nouvel Obs !
D'autres extraits, et d'autres angles de lecture chez Dominique et Aifelle !
Pour tout arranger, il pleuvait. Ce qui n'a rien de tellement étonnant en Angleterre où, comme chacun sait, il y a deux espèces de pluies, la just wetting (qu'on pourrait traduire par Celle-qui-ne-fait-que-vous-rendre-humide) et la hardly whipping (Celle-qui-vous-fouette-un-sacré-bon-coup) ; quand ce n'est pas l'une qui vous dégouline dans le cou, c'est l'autre qui vous noie.
Didier DECOIN - Je vois des jardins partout - JCLattès - mars 2012